La position des socialistes

Publié le par Clotilde Valter

 POUR UNE EGALITE REELLE A L ECOLE

Les réflexions des socialistes

 

Pour les socialistes, l’éducation c’est historiquement à la fois un moyen :
- d’émancipation
- de promotion sociale

Aujourd’hui, nous sommes conduits à constater que nous sommes en difficulté dans la réalisation de ces objectifs : l’école ne joue plus le rôle d’ascenseur social et pire, loin de corriger les inégalités, elles les accentue. Et ceci après une période de plus de vingt ans au cours de laquelle nous avons exercé les responsabilités gouvernementales pendant de longues années. C’est pourquoi, nous sommes aujourd’hui dans l’opposition, confrontés à un véritable défi, celui de tirer les leçons de notre expérience et nos pratiques et de réfléchir sans tabou aux propositions que nous allons soumettre à nos concitoyens ce que nous avons trop souvent du mal à faire.

C’est pourquoi avant de vous présenter les pistes de réflexion que les socialistes doivent ouvrir, je voudrais insister sur quelques questions qu’il nous faut avoir le courage de traiter.

1) 3 questions à aborder sans tabou

a) l’obscurantisme qui est pour moi aujourd’hui dans la société française un danger une menace pour le XXIéme siècle.

Le progrès de l’éducation a été historiquement porté dans notre pays par des hommes et des femmes pour qui la connaissance, l’esprit de progrès et le développement des sciences étaient des valeurs. C’est en s’appuyant sur ces valeurs, celles des Lumières, que s’est construit notre système éducatif. Le mouvement socialiste était lui aussi celui du progrès. Aujourd’hui, les mentalités ont évolué. Le savoir n’apparaît plus comme un moyen de s’émanciper. Le progrès est plus que jamais contesté en tant que tel laissant place à la montée de tous les obscurantismes qui rongent notre société et constituent notamment le terreau de l’antisémitisme, du racisme et des toutes les intolérances. L’école, l’accès aux savoirs n’ont plus la même légitimité au sein de notre société et le plus grave c’est que là encore ce sont les plus démunis qui sont les plus touchés par cette évolution, car ce sont eux plus que les autres qui ont besoin du système éducatif pour s’en sortir.

b) les inégalités géographiques ou de territoires. Il nous faut nous y attaquer nettement et fermement. A la fin du XIXéme siècle, les instituteurs envoyaient leurs meilleurs élèves au lycée du chef lieu de département pour qu’ils bénéficient des meilleures conditions possibles. Quand ouvrirons-nous les portes des grand lycées parisiens aux jeunes les plus méritant de Seine Saint Denis ou du Val d’Oise ? La sectorisation que nous avons défendue (instaurée) n’a-t-elle pas aujourd’hui des effets pervers insupportables pour les plus démunis ? C’est je crois à juste titre que le maire du XVIII a refusé la création d’un lycée dans son arrondissement parce qu’il ne voulait pas d’un établissement ghetto et revendiquait le fait que les enfants du XVIII aillent en classe avec ceux des VIII et IX arrondissements plus favorisés.

c) la concentration des moyens sur les zones difficiles a fait ses preuves mais est-on allé assez loin ? L’école doit permettre à tous d’acquérir ce que l’on appelle les savoirs fondamentaux. La création des ZEP a permis grâce à des moyens accrus d’aider les jeunes les plus en difficulté pour des raisons économiques, sociales et culturelles. Les situations d’échec, la sortie sans diplôme de 60 000 jeunes par an conduisent à nous demander si nous avons fait assez, si nous ne devons pas envisager ici et là d’aller plus loin. Les normes d’encadrement ne doivent pas être les mêmes partout c’est clair. Mais les écarts ne pourraient-ils pas être plus importants entre certains établissements de la couronne et certains établissements de Paris ? 15 élèves par classe au Val Fourré, c’est sans doute beaucoup, 30 à Henri IV pas forcement trop !! La question n’est peut être pas facile mais il nous faut la traiter. Je suis heureuse que Thomas Picketty nous apporte des éléments en ce sens. Mais j’insiste, il ne faut pas baisser partout de la même façon mais faire, site par site, ce dont les élèves ont besoin.

2) les pistes de réflexions à ouvrir par le parti socialiste

a) s’attaquer aux inégalités à la racine et donc investir le temps périscolaire.
L’éducation ce n’est pas seulement l’école ou les jeunes passent 1000 heures par an contre 4000 heures en dehors. Et c’est pendant ce temps là que les inégalités se développent. En effet, selon leur milieu d’origine les jeunes utiliseront ce temps en activités culturelles, sportives, musicales ou linguistiques ou devant la télévision ou dans la rue. C’est ce temps périscolaire, temps de toutes les inégalités, que doivent investir les collectivités locales qui en relation avec les associations, les mouvements d’éducation populaire et les clubs sportifs ou culturels doivent s’organiser pour assurer :
- la prise en charge de la petite enfance : crèches et autres modes de garde ;
- les activités culturelles sportives ;
- les activités de soutien scolaire pour les jeunes en grande difficulté mais aussi les actions d’alphabétisation, l’apprentissage des langues, de l’informatique, les nouvelles technologies ;
- les actions tendant à encourager l’engagement collectif ;

En allant dans ce sens, en faisant en sorte que l’éducation soit l’affaire de tous, on s’attaquera vraiment aux inégalités.

b) mieux adapter l’institution scolaire au monde d’aujourd’hui pour lui permettre de jouer pleinement son rôle dans la République.
Plusieurs éléments contribuent à brouiller l’image de l’école dans notre société :
- aujourd’hui, pour beaucoup d’enfants et de jeunes, l’école renvoie à un monde qui n’a rien à voir avec leur univers quotidien : beaucoup trop d’élèves ne comprennent pas ce que dit le professeur.
- de même, l’école n’est pas le seul lieu de transmission du savoir ;
- avec le développement du chômage et la diminution de son rôle d’ascenseur social, l’école n’est plus non plus considérée comme le passage obligé pour « s’en sortir dans la vie ».
- enfin, les enseignants à force de faire face aux carences du milieu familial ne savent plus quel est leur rôle ; on demande aujourd'hui à l'école tout et son contraire, on lui demande aussi trop.

Le rôle de l’école dans notre société est devenu pour trop de nos concitoyens, notamment pour les plus fragiles et les plus démunis, difficile à cerner ce qui constitue un facteur supplémentaire d’inégalité car c’est justement eux qui en ont le plus besoin.

En conséquence, il faut donc :
• clarifier les missions de l'école et se concentrer sur l’essentiel c’est à dire la transmission du savoir, la formation du citoyen, la préparation à une formation professionnelle ;
• renforcer la formation générale pour tous indispensable au développement de la formation tout au long de la vie et à la promotion sociale ;
• adapter cette formation générale, encore souvent trop classique aux besoins du monde d’aujourd’hui c’est à dire en développant à la fois :
- l’anglais international qui est aujourd’hui une faiblesse chez nombre de nos compatriotes alors que les besoins sont énormes dans une économie où les échanges internationaux vont croissants ;
- l’informatique et les nouvelles technologies devenues incontournables y compris dans la vie quotidienne, l’accès à la formation et à la communication ;
- les sciences dont l’enseignement doit devenir plus concret pour donner à chaque futur citoyen les moyens de comprendre le monde dans lequel nous vivons, mais aussi pour susciter les vocations nécessaires au développement de la recherche, aujourd’hui trop peu nombreuses, et au progrès économique et social;

Mieux adaptée aux besoins d’aujourd’hui, l’institution scolaire pourra jouer pleinement son rôle au sein de la République.

Mettre l’éducation au coeur de notre projet politique, c’est pour nous socialistes réaffirmer les valeurs sur lesquelles nous avons construit notre histoire. C’est confirmer notre volonté constante de lutter contre les inégalités et de favoriser la promotion sociale. C’est aussi rechercher sans cesse le progrès de l’éducation indissociable dans notre esprit d’une démocratie vivante et dynamique.

Clotilde VALTER

Responsable nationale éducation

Parti socialiste.

Publié dans Education

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